Un déconfinement à haut risque pour la France à partir de lundi

La France vit samedi son avant-dernier jour sous cloche en attendant le début lundi d’un déconfinement progressif et encadré de strictes mesures de sécurité, afin d’éviter une seconde vague de l’épidémie de coronavirus qui a fait plus de 26.000 morts.

Une grande majorité de la population s’apprête à sortir de deux mois de confinement, mesure inédite et globalement respectée sur l’ensemble du territoire, ce qui a permis une nette décrue de l’épidémie, selon les autorités.

Mais le virus circule toujours, sans traitement ni vaccin disponible, alors que le gouvernement a martelé ces derniers jours la nécessité pour le pays de sortir de cette si longue quasi-paralysie, pour éviter d’aggraver encore une crise économique qui a précipité le pays, comme une bonne partie du monde, dans la récession.

Appels au respect des gestes barrière

Face à ce besoin de reprendre une vie qui ne sera toutefois pas celle d’avant, les appels au respect des fameux gestes barrière se multiplient, pour éviter une nouvelle flambée de l’épidémie. Après bien des tergiversations sur le sujet, et une importante pénurie, il faudra souvent sortir masqué, notamment dans les transports. Et des règles strictes de «distanciation» seront appliquées sur les lieux de travail comme dans les magasins.

Dans la nuit de vendredi à samedi, l’Assemblée nationale a voté en première lecture le projet de loi prolongeant l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet. Un texte qui permet les mesures restrictives des libertés et intègre désormais des mesures liées au déconfinement progressif, dont la création controversée d’un «système d’information» pour identifier les personnes infectées par le coronavirus et leurs contacts.

Selon le dernier bilan officiel vendredi soir, 26.230 personnes ont succombé au coronavirus depuis le 1er mars, soit 243 de plus sur les dernières 24 heures, dont 9.733 dans les établissements médico-sociaux et les Ehpad (+132), ces maisons de retraite médicalisées touchées de plein fouet par une épidémie dont les personnes âgées sont les principales victimes.

La pression sur les services de réanimation continue de s’alléger, avec 93 patients atteints de la maladie de Covid-19 en moins, soit 2.868 cas graves.

Mais «la situation reste tendue, nous avons assez peu de marge de manoeuvre», prévient Philippe Juvin, chef du service des urgences de l’hôpital parisien Georges Pompidou, appelant à se préparer à l’éventualité d’une deuxième vague.

Compte tenu de la circulation du virus et du risque de saturation des hôpitaux, quatre régions (Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté) sont classées en rouge sur la carte établie par le ministère de la Santé, ainsi que le département de Mayotte, où le déconfinement est même renvoyé au-delà du 11 mai et où le gouvernement va envoyer des moyens supplémentaires.

Cela maintient 32 départements au total et près de 27 millions d’habitants dans un régime encore très contrôlé.

Mais même dans les zones classées «vertes» sur la carte épidémique «il faut se garder de penser que tout est réglé», insistent les spécialistes, à l’instar de la virologue Marie-Paule Kieny, membre du Comité analyse recherche et expertise (Care) chargé de conseiller le gouvernement.
«Il faut absolument» que les gens «appliquent les gestes barrière, c’est-à-dire qu’ils passent d’un confinement chez soi à un confinement sur soi, penser que soi-même on doit se protéger, on doit protéger les autres», a martelé cette ancienne sous-directrice générale de l’OMS.

Tout en desserrant l’étau, le gouvernement maintient ou instaure de nombreuses obligations, parmi lesquelles le port du masque dans les transports en commun sous peine de 135 euros d’amende. (LA TRIBUNE)

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